Patrice Matlaverne a publié deux poème tirés du recueil Civilisé (Urtica, juillet 2017) dans le dernier numéro de Traction-Brabant, la revue qu'il anime depuis... 2004, je ne sais plus. Peu importe d'ailleurs. En revanche, je sais qu'il m'est fidèle et que son "poézine" a toujours promu mes textes, et mg lorsque la revue existait. je reproduis ci-dessous l'incipit finissant du numéro 64 que j'ai trouvé sur le blog de la revue et que j'ai beaucoup aimé, partageant son esprit.
Traction-Brabant 12€ les 4 numéros. Contact p.maltaverne [at] orange [point] fr
Après les revues ou poézines (ils ont commencé à être appelés comme ça plus tard), "Traces" (1962-2011), de Michel-François Lavaur, "Œil de fennec" (depuis 1981) de René Bourdet, "L'heure-tard" (1996-2006) de Didier Trumeau et "Noniouze" (1999-2002) de Roger Lahu, "Traction-brabant" (alias T-B), est né.
J'ai toujours fabriqué cette chose sur un bout de table, en prenant soin de lever la toile cirée, le but étant d'aller le plus vite possible en besogne : imprimer les textes, découper, coller les illustrations sans trop réfléchir - ceci est très important - et dans la foulée, m'enfuir chez le reprographe du coin et photocopier la maquette en cinquante exemplaires, revenir à ma tanière, agrafer ces exemplaires à toute berzingue, les glisser dans une enveloppe, me précipiter en sac à dos à la poste du coin, afin de réintégrer le plancher des vaches, car il ne faut pas rêver trop longtemps - c'est mauvais pour la santé.
Les choses n’ont guère évolué depuis, même si colles et ciseaux ont intégré l’espace de Word.
Le but est toujours de porter à bout de bras les exemplaires de T-B qui sont de plus en plus nombreux, et de les agrafer en moins de trois heures avant de préparer les envois.
Et miracle : à chaque fois qu’un numéro de « Traction-brabant » nait de mes mains, c’est comme lorsque de nouveaux légumes sortent de terre, ils ne sont pas parfaits, mais leur matérialité me lance un clin d’œil et je me dis : encore un numéro de fini, qui n’a pas une trop sale tronche.
Des fois, je me coupe la pulpe des doigts à force de tourner les pages d’une pile de feuilles non assemblées, mais il n’y a dedans rien de grave, car ça existe, c’est tout petit, presque chétif, rien à côté d’un Gallimard et d’une Pléiade, sauf que dedans respirent plusieurs personnes…Comme une preuve de vie voyante.
Et voilà ty pas, sinon ça serait pas drôle, qu’ils ont inventé l’Internet…Avec toutes ces publications qui y fleurissent, je me dis, c’est bizarre que ça ne leur manque pas plus que ça le contact matériel, ce toucher d’une vérité que l’on souhaite personnelle. Ce n’est pas possible. Dites-moi que je rêve ! Ça ne vous fait donc rien, cette mise à distance des choses ?
Pour tout intellectuel en manque de plaisirs, je serais bien tenté de proposer un traitement à base de rematérialisation des process… P.M.
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