Reviews | Critiques


A propos de L'orchidée noctambule (éditions Press-stance, 1995)

Lire Walter Ruhlmann, c'est ouvrir un tiroir secret de notre conscience. C'est aussi s'élargir l'esprit et cultiver le goût de la différence.
Frédéric MAIRE, dans Press-stances n°7, décembre 1995

Le poète, Walter Ruhlmann, a choisi quelques textes dans les nombreux recueils inédits qui n'avaient pas encore, eux, trouvé d'éditeur, on se demande pourquoi, à lire ces textes le plus souvent d'amour fou et cependant étrangement pudiques
Paul van Melle, dans Inédit Nouveau n°97, décembre 1995

Il est né un poète assez contemporain et très pudique dans son écriture par respect pour ses sentiments. Ce jeune homme arrive à nous offrir de la pureté poétique avec son émotion de l'odeur, de son univers et de l'autre. Je le trouve incroyablement humble rien qu'à déguster les traces de sa plume vibrante. Franchement, son œuvre est assez courte, mais tellement symétrique qu'elle peut contenter même les lecteurs "toxicomanes de romans". Walter RUHLMANN promet de devenir un grand écrivain du 21ème siècle, je le pense sincèrement! (...) je m'incline devant l'ardeur et la beauté de ma découverte, je vous invite à vous jeter sur ce petit recueil et à me dire de que vous en pensez.
Alexandra BERDAH, dans Libellé n°51, mars 1996

Tourment d'adolescence encore très romantique, aspiration au sensible pur encore très éloignée de la maturité, ces vers nous offrent un printemps original et juvénile. L'auteur crie la force de son âge qui frémit sans se poser. Il va mûrir.
Anne Gary, dans Florilège n°82, mars 1996

Premier recueil d'un jeune poète prometteur, L'Orchidée noctambule contient comme un parfum d'irréel et de mystère. Si, parfois, on y retrouve (avec plaisir) comme un accent baudelairien, les courts poèmes qui composent ce fragile opuscule conservent de l'auteur une "patte" personnelle.
En peu de mots, d'une phraséologie dépouillée, l'auteur consulte ses états d'âme, ses inspirations personnelles (de source amoureuse le plus souvent) avec un constant souci de lyrisme et de sincérité.
Jean Grin, dans Axolotl n°11, automne 1996

A propos de Troubadour nonchalant (éditions Press-stances, 1997)

Walter [RUHLMANN] ne pleurera plus pour un garçon égaré dans la voie lactée. Quelque chose de nouveau commence. 
Ce petit livre est un itinéraire, le sentier escarpé qu'il a emprunté, les étapes de ce chemin vers l'aboutissement et le réel commencement d'une œuvre: la sienne.
Julien BURRI, extrait de la préface à Troubadour nonchalant

...en son petit volume - bilingue, français et anglais, deux langues qu'il maîtrise avec égal bonheur - intitulé vraisemblablement Troubadour nonchalant en fin d'en souligner les aspects autobiographiques, Walter RUHLMANN se réfère lui aussi mais à sa manière au temps, un peu sous la forme d'un bilan. (...) Proses et poèmes s'y additionnent plus qu'ils ne se mêlent ensemble et s'offrent, tels de fidèles reflets, à témoigner de la noire propension de l'auteur à déranger l'establishment vécu comme castrateur. Parfois, les mots de Walter RUHLMANN en deviennent crus, très crus. (...) Que l'on partage, ou non, les convictions de cet écrivain engagé - quoique enragé suffise mieux à l'en qualifier - l'on en lira les morceaux avec plus ou moins de plaisir, mais point n'est sûr d'en refermer les pages en toute innocence.
Yves ERDON, dans Axolotl n°15, automne 1998

A propos des premiers poèmes

Honnêtement, je ne suis pas fan de poésie. Tous ces textes qui vous tendent les bras en
chuchotant, l’air de rien, ben euh... souvent rien, justement ! très peu pour moi. Un poète c’est souvent un petit déjà-vieux quasi liquide, qui a fini par baisser les bras et est devenu inapte à gérer ses flux. Alors le poète se libère et visiblement ça lui fait un bien fou. Et sans que vous ne lui ayez rien demandé, son muet regard vous suggère de prendre sur vous, d'éviter les haut-le-cœur, de l’aider à jouir en vous plongeant dans ses versets comme vous lui passeriez le bassin. Mais quand on n’est pas de la famille proche, cette impudeur, au mieux vous gêne, au pire vous dégoûte.
Et l’incontinence de Walter, alors ? me direz-vous... Allons, il est comme les autres, il s’épand ; mais pas sous lui, et ça fait toute la différence. Car Walter a une conscience aiguë de sa propre existence, de ses envies, de ce qu’il veut ou ne veut pas en faire, des plaisirs qu’il y trouve, comme de ses souillures et de ses souffrances. Sa poésie est son album de voyage, la trace de son itinéraire parmi les hommes. Et ce besoin, de dire et d’écrire, il l’exprime debout, dehors, face aux vents. Il se mouille, forcément. Alors pour vous, je ne sais pas ; moi, il m’atteint, me touche et me mouille aussi. La poésie de Walter ne sent pas la rose, c’est certain. Pourtant, quel parfum de rose pourrait ainsi vous prendre à la gorge ?
Mais le plus beau texte de ce poète-là, c’est celui qu’il écrit avec sa vie. Alors tout devient sérieux, tout prend une importance nouvelle. Il n’a pas de cadavre caché dans les replis de sa mémoire, pas de secret honteux, d’ombre jubilatoire. Walter avance dans la vie comme dans sa poésie : sans fard, sans arrière-pensées ; il se donne avec une franchise aussi tranchante que désarmante. Avec la détermination de celui qui discerne le beau de l’idée qu’on s’en fait, Walter défriche le monde.
Dans le berceau de Walter quelqu’un a déposé une acuité et une honnêteté qui me tachycardisent... Qui que ce soit, qu’il en soit remercié.
Bruno B., préface à L'horizon des peupliers, 1998

About later poems (2000s-2010s)

Walter Ruhlmann is a poet who writes with wit and intelligence. His poetry is vivid and accessible full of sharp bright images that invite you into his world and then takes you down roads that trick, amuse and surprise. He sits a little outside of mainstream in so far as his poetry is not trite or obvious, he is someone I enjoy reading and one of those names I look for when a magazine drops through the door.
Jim BENNETT, poet, editor of The Poetry Kit 

Walter Ruhlmann is a poet of intersecting universes, a connoisseur and composer of watchful nights, a procreator and juggler of sensual and philosophical discoveries. The gravitational field of his poetry unfolds like the appeal of an ocean echoing the voices of never ceasing questions and restless doubts. His multi-faceted, simultaneously classical and avant-garde oeuvre is a constant impelling force to dedicate our lives to perfecting our perceptive and transcendental worlds while incorporating the tangible, bodily realms as well in order to become the carnal apotheosis of millenary poetical quests.
Károly Sándor PALLAI poet, editor of Vents alizés
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A propos de Etranges anges anglais (mgv2>publishing, 2012)

L'enjeu de ces poèmes n'est pas la poésie en soi, mais constitue plutôt un hommage rétrospectif de l'auteur à l'un de ses inspirateurs, l'illustrateur Craig McCafferty, avec qui il a vécu une histoire d'amour entre 1995 et 1997, comme Walter Ruhlmann l'explique d'ailleurs dans la préface.
Ces poèmes entretiennent l’ambiguïté, que résume déjà le titre du livre : "Étranges anges anglais", qui joue avec les mots, tout en se moquant d'assonances difficiles à prononcer.
Il s'agit là de poèmes de jeunesse écrits pendant et après un amour de jeunesse. Ce qui transparaît donc, c'est la fragilité de cet amour, en même temps que l'incertitude stylistique des textes qui le raconte : succession de vers moins que plus rimés, formes classiques (sonnets), mélanges d'images qui nous parlent ou ne concernent au contraire que l'intimité des protagonistes. A cet égard, Walter Ruhlmann s'excuse par avance de ces imperfections ou incomplétudes.
Patrice MALTAVERNE, Poésie chronique ta malle, 2012

About Twelve Times Thirteen (Kind of a Hurricane Press, 2014)

Walter RUHLMANN's stunning e-chapbook, Twelve Times Thirteen, has just been released by Kind of a Hurricane Press as part of its Barometric Pressures series. The title derives from the book’s organizing principle: twelve poems, one for each month in 2013. Each poem also has a subtitle, connecting the piece with a song title that for the initiated mirrors, echoes and expands the poem’s theme. It’s intricate work, honest and at times harrowing. RUHLMANN confides that the first six months of 2013 were “about the worst I ever lived.” The powerful poems provide evidence of the scars, transforming them into art in the process:

"A virgin area, a dry land.
The fountains were emptied and the wine drunk all the while.
Too much food, too much laughter in such little time."

All is desiccation and desecration, wine like blood and laughter hollow as bones. Lucifer appears as Mother Lucy, with her pop chemical diamonds, as Lithium and Lilith. It’s a long way down, as Stevens said, “to darkness on extended wings.” And in that darkness, the excess of modern life – Quarter Pounders and mounds of sweets nourishing nothing but illness and guilt and the leprechaun’s laugh “…somewhere around the vineyards, west of Bresse. This is confession as descent and cleansing, a hard, hard fall (the reader hopes) to rise again. Read these poems: they will scare you and scar you, shake you and wake you with their witch-goddesses, demons and frozen rivers “…imprisoned in the ice and tormented torrent.”
Steve KLEPETAR, Poet


Twelve Times Thirteen by Walter RUHLMANN is a powerhouse of graphic emotion.  Employing a fascinating format pairing the twelve months of his life in 2013 with the twelve tracks of a record, RUHLMANN has chosen songs by famous artists to reflect the theme and mood of each of his poems.  These poems are evocative of a wellspring of torment, the rawness and intensity of which are not for the faint-hearted.
Fern G. Z. CARR, Poet



A propos de Post Mayotte Trauma (mgv2>publishing, 2015)

(...) si vous recherchez des cartes postales pour égayer votre bureau, vous serez sans doute un peu déçus, malgré la présence de quelques illustrations dans le recueil. En effet, Mayotte sert de prétexte à l’introspection et ne laisse pas que des bons souvenirs. Ainsi, vous ne pourrez pas oublier les réalités de ce pays éruptif, et pas seulement au sens propre du terme, puisque hélas, la pauvreté de ses habitants, générant l’instabilité sociale, marque le quotidien des expatriés.
Alors, est-ce que « Post Mayotte Trauma » vous découragera d’aller là-bas ? Je ne le crois pas. Prenez plutôt cette série de textes comme une invitation à ouvrir davantage votre esprit à d’autres ambiances. Prenez la aussi comme la relation d’une tranche de vie bien découpée, dont les instantanés, ses instants de partage et de plaisir, comme d’angoisse et d’abattement, sont décrits avec naturel par Walter Ruhlmann, à travers un style clair, presque aérien, à l’image du mode de transport usité pour rejoindre Mayotte depuis la France.
Il s’agit là en définitive, pour l’auteur, de rendre compte, de la façon la plus exacte possible, de ses impressions, à l’instant où elles naissent. C’est bien là l’une des « missions » les plus cruciales de la poésie, au moins depuis Rimbaud, et qui contribue au plaisir du lecteur.
Patrice MALTAVERNE, extrait de la préface à Post Mayotte Trauma

About Crossing Puddles (Robocup Press, 2015)

Some poems lean toward the lyrical, some toward the narrative.  On one page an elegy, on another an acrostic. A trio of prose poems turns up. One poem, The Horizon of the Poplar Trees, is bilingual. Running Cows delights with humor. You never can tell who or what will show up on the next page.

Throughout Crossing Puddles if we must journey toward our painful understanding, we do so in the soothing company of the weatherman who is also the man who paints landscapes. We experience a sense of wonder for the fog of Normandy, the cold and damp of the Center Eastern French winter. Not surprisingly, but certainly pleasingly, the man in all his iterations is firmly rooted in French soil.  Indeed, the organizing principle of the book is a tour de France with sections titled Nantes, Normandy and Bresse. 

Taken together, climate and geography become beauty’s antidote for 
“those whose life has gone too thin” (Mamie).

I also think RUHLMANN intends for us to find relief in his lush botanical milieus.  Poet as imp would have us meet the “Messy Messiah, moss in the missing mass (Making Zoran Come). Poet as shaman would have us worship trees.
Karla Linn MERRIFIELD, from the foreword to Crossing Puddles


As an artist of any stripe, it remains a constant duty to one’s vocation to keep questioning, researching, and refining one’s identity. RUHLMANN's Crossing Puddles pays homage to this courageous and ongoing process.
Marie LECRIVAIN, Al-Khemia Poetica, 2015

I’m not saying that readers should keep barf bags handy when reading Ruhlmann’s poetry, but they certainly should check their gag reflexes, because this guy sanitizes nothing when sanitation is too sanitary for authenticity. In other words, be wary of what might be in those puddles you so carelessly cross. What I mean is that Ruhlmann tends to focus on leakage, seepage, fluid emission, what comes out rather than what goes in – and it’s not always clean or pretty. Most times this focus is directed at the human body, unsurprisingly. The body emits non-stop throughout its life, and it emits more wildly in decomposition after death. Ruhlmann can’t help but reiterate the body’s less savory automatic processes, and its constant cycle of dryness and wetness.
David HERRLE, Subtle Tea, 2018

A propos de Civilisé (Urtica, 2017)

« Civilisé », mais pas trop surtout, j'aurais envie de dire en lisant ces textes. Ou plutôt, civilisé à contrecœur, à cause d'un héritage pas toujours facile à porter, celui de la famille tout particulièrement, qui nous est plus ou moins commun à tous.
Car les poèmes publiés ici clament leur soif d'une vie intense, loin des codes, obligations sociales et toutes sortes de clichés. Une soif de liberté et d'aventures, bien entendu, qui est vécue comme quelque chose de sombre, par la faute des interdits amassés tout autour.
Patrice MALTAVERNE, Poésie chronique ta malle, 2017

Walter Ruhlmann comme le figure l’illustration de Norman J. Olson en couverture, se livre nu, plus encore, il nous déroule ses entrailles, matière et odeur et comme le hurle le titre du dernier poème « Tu pue sapiens ». Il y a pourtant comme une quête sous-jacente dans ce recueil, une quête de pureté sans avoir besoin de se trahir, pureté que l’auteur va chercher dans un passé mythique personnel où les princes auraient des ailes, mais toute histoire a une chute, tout nous ramène au sol et le sol à la pourriture. Difficile de trouver une rédemption à la condition humaine, le civilisé n’a jamais eu cette innocence originelle où les anges ne salissent pas leurs ailes et où la chair ne serait pas corruptible. Civilisé cherche à tâtons dans le noir, la moiteur, la profusion des corps, sa nature perdue et ce jusqu’à l’excès et la turpitude.
Cathy GARCIA, La cause littéraire, 2017
 
A propos de Le foutoir (Urtica, 2021)
 
(...) le lecteur sera tenté de se dire : bon sang, je vais trouver là tout et n'importe quoi. Eh bien non ! Même si le recueil ne traite pas d'un sujet en particulier, les poèmes qui le composent ne sont pas réunis ici par hasard. Ils participent d'une même vision du monde.
Et justement, pour l'auteur, c'est l'esprit humain qui est un foutoir, comme il l'avoue à la fin, dans "Sapiens tu crains".

Je dis, moi, qu'il n'y a pas que l'esprit humain qui est un foutoir. Le monde qui nous entoure l'est aussi, puisqu'il s'agit du monde de la consommation, accéléré par Internet.
Et cela, les poèmes de Walter Ruhlmann le montrent également. Pour autant, ils ne sont pas que dénonciation, mais avant tout visions.
Au-delà de ces visions, l'auteur aime montrer des intimités, parfois sexuelles. Et même apaisés, ses textes demeurent passionnels. Ils gardent ce côté adolescent que je ne trouve pas souvent dans la poésie.
 
Patrice MALTAVERNE, Poésie chronique ta malle, 2021
 
Walter excelle dans l’oxymore ; sa poésie est d’un niveau assez élevé, mais trop obscure/abstraite pour m’accrocher vraiment ; je reconnais ses qualités formelles, ce mystère dans l’obscurité ; il y a un érotisme dans les textes, que le texte lui-même combat en tentant de le sublimer, de le dépasser dans une forme symbolique ou panthéiste (en quelque sorte), plutôt des images naturalistes, et fait ressortir ; c’est un peu sadien – ces obscurs objets du plaisir… 
Concernant le Foutoir, je peux dire qu’il y a de la force, mais la forme deviendra complète en vieillissant, quand l’auteur aura pris de la distance avec la douleur. Ou s’en sera approché un peu plus. 
"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil", comme l’a dit, si bien, Char. Pour le moment l'intellect combat la chair, et réciproquement, ce qui génére des images "éloignées" et des mots au contraire englués, dans des escarmouches, mais il faut que la bataille soit plus sanglante, ou que les adversaires se réconcilent sur les cadavres, genre Game of Throne, dans une tonalité d'ironique candeur... 
Alain LASVERNE

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